De Phnom Penh à Montauban
Cambodge, regards croisés de 2 photographes en sélection officielle du mois de la photo 2020, à Grenoble, consacré à la mémoire.
On ne peut échapper à l’histoire récente quand on se rend au Cambodge. Neang Sok, un étudiant de Phnom Penh, conducteur de tuk-tuk pour payer ses études, tenait absolument à ce que nous comprenions pourquoi son pays se trouvait encore dans un tel état.
Je me suis laissé convaincre par mon guide et il m’a conduit vers les 2 principaux lieux de mémoire du génocide Khmer Rouge, Choeung Ek et S 21, à Phnom Penh.
Au beau milieu du site ultra touristique d’Angkor, véritable manne financière indispensable à l’économie du Cambodge, se trouve aussi le musée des mines anti personnelles, créé par Aki Ra, un ancien enfant-soldat. Happé par la solennité des lieux, c’est l’humanité tout entière qui est convoquée pour faire son autocritique.
Le rapprochement avec l’histoire de la famille de mon confrère était devenu pour moi incontournable, comme un symbole, apparemment si éloignée et pourtant si proche qu’on ne peut que se sentir concerné.
Poursuivant ce travail sur Les lieux de mémoire et de la réconciliation au Cambodge, ce projet a été créé pour étoffer les réflexions quant aux conséquences familiales de la guerre du Cambodge.
Le projet s’articule donc autour d’un fil rouge : Les survivants de la guerre du Cambodge, de leur vie paisible en France en relation avec leur vie passée dans ce pays. Ma démarche, en tant que membre d’une famille expatriée, mélange photos de famille et documentaire; alternant entre point de vue de photographe externe et point de vue d’un membre de la famille. C’était aussi l’occasion pour moi de connaître, et pour eux de faire connaître, une partie de l’histoire oubliée de ma famille, connaître l’histoire de mon pays natale qui m’a éloigné de ce dernier. J’ai surtout mis l’accent sur le souvenir de leur douleur, sur leur nostalgie au moment de s’en rappeler. Pour un pays qui a souffert, les survivants sont des cicatrices.
Esthétiquement, j’ai choisi de réaliser ce projet en noir et blanc, en argentique pour mettre en avant un aspect imparfait, accidenté ; daté comme pour rendre plus organique ces notions abstraites et pour rendre une sorte d’intemporalité de ce moment. Avec en tête l’idée que certaines personnes ne seront bientôt que des souvenirs. Pouvoir créer leur souvenir et façonner la mémoire qui restera d’eux.
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Création de l'affiche par le Studio JamaisVu !